Début de mars 2020, résidant à Yangon, j’ai décidé de partir en moto en Birmanie durant une semaine.
J’ai d’abord rejoins Mandalay en train (environ 15h quand il faut 50 minutes en avion… Mais le plaisir de prendre son temps, de faire des rencontres, de voir de sublimes couchers et lever de soleil l’emportent sur l’empressement. C’est donc à Mandalay que j’ai pris en main mon bébé de la semaine : une Royal Enfield 350cc.
La Royal Enfield est cette mythique moto indienne, qui est toujours façonnée à la main, et d’un confort inégalable. Leur approche marketing est simple : faire l’inverse des constructeurs japonais. S’ils construisent une nouveau modèle plus rapide et plus silencieux, Royal Enfield en sortira une plus lourde et plus bruyante. A ce propos, j’avais vu dans Rolling Stone magazine la photo d’un type tapant sur son engin avec comme légende « Royal Enfield : de 0 à 100 km/h en 6 mois »…
N’ayant encore jamais conduit de moto aussi grosse, je décide dans un premier temps de faire un aller-retour à Pyin U Lwin, petite ville à plus de 1000m. d’altitude. Comme baptême, cela me fait donc 140 km le premier jour, avec des routes de montagnes et de nombreux camions. Fort heureusement, et c’est pour ça que je recommande de voyager en moto en Birmanie, les routes étaient de très grandes qualités, et très très large. Si en ce premier jour je me concentrais majoritairement sur la route, j’ai commencé à voir de sublime paysage. Pyin U Lwin est en effet connu pour ses cascades, mais aussi son jardin botanique et ses grottes bouddhistes.
De retour à Mandalay, je décide d’enfourcher mon engin par les cornes, et quitter la ville pour la région de Kalaw, essentiellement connue des randonneurs et autres amoureux de la nature. Mais mon premier arrêt sera à Ywangan, où je vais poser ma tente. Les premiers kilomètres d’ascension sont parfaits, avec une route flambant neuve… avant d’entamer les 30 derniers kilomètres. Cela me prendra environ … 3h ! En effet, ici, plus vraiment de route à proprement parlé, mais un chemin en terre avec de nombreux cailloux et virages. Cependant, la Royal Enfield, que beaucoup utilise en Inde dans l’Himalaya, est parfaite pour ce genre de route. Ainsi, son poids et son confort en transformer cette expérience éprouvante en aventure inoubliable.
Une fois arrivé, une bonne bière fraiche est une juste récompense. Je rejoins donc une petite famille à Ywangan. Le père de famille, guide local, m’explique que la route devrait être finie pour la prochaine saison, c’est-à-dire Octobre 2020. Pas de refus! Là, les températures chutent considérablement avec le jour et c’est loin d’être désagréable après une journée en plein soleil. Nous plantons ensuite la tente pour une nuit de repos bien mérité.
Au petit matin, réveillé par les incantations bouddhistes de la pagode voisine, je suis en extase devant le lever de soleil immergeant derrière la chaine de montagne de face de moi, un bon café (spécialité locale) à la main. Nouvelle bonne surprise, le guide m’indique la route à prendre pour visiter une grotte préhistorique intacte à quelques kilomètres. Ce pays regorge de beauté cachée et on ne cesse de s’ébahir. Au pied d’une plantation d’orangers se trouve celle-ci. C’est ainsi que muni de la lampe de mon téléphone, je m’aventure au sein de cette grotte et là, quel plaisir. C’est en effet la première fois que je visite une grotte en Birmanie ne comportant aucune représentation de Bouddha. Pas de lumière, pas de chemin, je comprends davantage la sensation expliquée par St-Exupery dans le sublime « Terre des hommes », où il échoue dans un désert où nul homme n’a jamais mis les pieds. J’ai ainsi l’impression (fausse bien sur…) d’être le premier à rentrer dans cette grotte, entre stalactites et stalagmites.
Je continue ensuite jusqu’à Kalaw. De là, il est possible de faire des treks de 2 à 3 jours, en dormant chez l’habitant. Je n’ai hélas que peu de temps, et me repose donc pour la route du lendemain, jusqu’à Pindaya.
Pour continuer mon road-trip en Birmanie, je redescends en plaine. Conduire en moto en Birmanie n’a rien de compliqué. Partout, vous trouverez de l’essence (environ 30 cts le litre), des petits restaurants, ou encore de quoi acheter de l’eau. De plus, une fois revenue en plaine, les routes sont sublimes, neuves… et très peu peuplées ! Quel sentiment de liberté totale, quel apaisement, quel béatitude n’éprouvent- je point sur ma moto en Birmanie…
Pindaya est une charmante petite ville, connue pour son lac, sa forte production agricole, son charmant lac et surtout son stupa Zedi Aung Chan Tha, surplombant la ville.
Mais le lendemain, ce sera le retour à Mandalay. Ainsi, j’aurais parcouru pas moins de 800 Km en 5 jours, pour un plaisir intense. Seul bémol, j’ai dû voyager en March, en fin de saison. Si les paysages étaient sublimes, c’était très aride. Ainsi, la meilleure période pour voyager en moto en Birmanie est d’Octobre à Janvier, après la saison des pluies, où le pays reverdi et est en fleur. C’est avec grand regret, mais des images pleins les yeux, que je rends les clés de celle avec qui j’ai fait corps cette semaine.